vendredi 18 avril 2025

LE BUG DES TARIFS DOUANIERS DE TRUMP

Peter Navarro au cœur d’un fiasco économique.

Les droits de douane élevés imposés sous la présidence de Donald Trump ont provoqué d’importantes turbulences économiques, affectant notamment les marchés financiers mondiaux. Un homme est régulièrement pointé du doigt pour avoir conçu cette politique : Peter Navarro.

Ancien conseiller principal de Trump pour les questions commerciales, Navarro est reconnu pour ses positions ultranationalistes et protectionnistes. Il avait proposé une taxe de 10 % sur tous les produits importés aux États-Unis, ainsi que des droits allant jusqu’à 145 % sur les produits chinois. Plus radical encore, il avait suggéré une taxe uniforme de 25 % sur l’ensemble des importations américaines — soit environ 3 000 milliards de dollars de biens.

Ces mesures ont eu des conséquences considérables : les marchés financiers ont été ébranlés, provoquant des pertes significatives pour les entreprises et les investisseurs. Par ailleurs, ces politiques ont ravivé les tensions commerciales avec plusieurs alliés des États-Unis, notamment le Canada, le Mexique et l’Australie.

Début 2025, malgré une condamnation à quatre mois de prison en 2024 pour avoir refusé de coopérer avec le Congrès après l’attaque du Capitole du 6 janvier 2021, Navarro a brièvement retrouvé une fonction dans le second mandat de Trump. Mais son retour fut de courte durée : face aux critiques et aux dégâts causés par ses initiatives économiques, il a rapidement perdu toute influence.

C’est Scott Bessent, nouveau secrétaire au Trésor, qui a repris les rênes des négociations commerciales. L'éviction de Navarro a été amplifiée par des critiques publiques virulentes, notamment celles d’Elon Musk, qui l’a qualifié de « crétin » et a dénoncé ses politiques comme étant « toxiques pour l’économie américaine ».

Aujourd’hui, même s’il continue d’apparaître aux côtés de Trump, Peter Navarro ne détient plus aucun pouvoir réel. Son passage à la Maison-Blanche restera sans doute dans l’histoire comme l’un des plus grands « bugs » économiques de l’ère Trump.

À noter que dans ‘’ L’Art du Deal ‘’ Trump mentionne qu’il est prêt à ajuster sa stratégie ou à changer de direction s’il réalise qu’il a fait une erreur. Il souligne l’importance de la flexibilité et de l’adaptation dans les affaires pour réussir.

DICIETLA.com | La Chronique de Jean-Claude Sensemat du 18/04/2025 | Fr/En


THE TARIFF BUG UNDER TRUMP

Peter Navarro at the Heart of an Economic Fiasco

The high tariffs imposed during Donald Trump’s presidency triggered major economic turbulence, particularly in global financial markets. One man is frequently blamed for designing this policy: Peter Navarro.

A former top trade advisor to Trump, Navarro is known for his ultranationalist and protectionist stance. He proposed a 10% tax on all imported goods to the United States, along with tariffs of up to 145% on Chinese products. Even more radically, he suggested a flat 25% tariff on all U.S. imports — totaling nearly $3 trillion worth of goods.

These measures had serious consequences: financial markets were shaken, leading to significant losses for companies and investors. Moreover, the policies reignited trade tensions with several key U.S. allies, including Canada, Mexico, and Australia.

In early 2025, despite having been sentenced to four months in prison in 2024 for refusing to cooperate with Congress after the January 6, 2021 Capitol attack, Navarro briefly returned to a role in Trump’s second term. But his comeback was short-lived. Amid mounting criticism and economic fallout from his initiatives, he quickly lost all influence.

Scott Bessent, the new Treasury Secretary, took over trade negotiations. Navarro’s ousting was fueled by harsh public criticism — most notably from Elon Musk, who called him a “moron” and described his policies as “toxic for the American economy.”

Today, although he still appears alongside Trump on occasion, Peter Navarro no longer holds any real power. His time in the White House will likely go down in history as one of the biggest economic “bugs” of the Trump era.

It’s worth noting that in The Art of the Deal, Trump states he’s willing to adjust his strategy or change course if he realizes he’s made a mistake. He emphasizes the importance of flexibility and adaptability in business as key to success.

vendredi 4 avril 2025

RETOUR DU PROTECTIONNISME : UNE VIEILLE RECETTE AMÉRICAINE REMISE AU GOÛT DU JOUR

Alors que les politiques commerciales protectionnistes sont de nouveau au cœur du débat économique mondial, il convient de rappeler que les États-Unis n’en sont pas à leur première expérience en la matière. Bien avant les initiatives de Donald Trump, l’histoire économique américaine s’est déjà appuyée sur des tarifs douaniers élevés pour protéger son industrie naissante.

Au XIXe siècle, sous les présidences d’Andrew Jackson (1829-1837), d’Ulysses S. Grant (1869-1877) et de William McKinley (1897-1901), les États-Unis ont adopté des mesures douanières fortes. Ces politiques protectionnistes visaient à soutenir l’industrialisation rapide du pays, jetant les bases de sa puissance économique. Toutefois, ces succès ne peuvent être attribués uniquement aux tarifs douaniers : l’abondance des ressources naturelles, l’afflux massif d’immigrants et l’esprit d’innovation ont aussi joué un rôle crucial dans la montée en puissance des États-Unis.

Aujourd’hui, des économistes comme Peter Navarro, Scott Bessent et Stephen Miran plaident pour un retour à ces politiques, affirmant qu’elles permettent de rééquilibrer les échanges mondiaux et de renforcer l’économie nationale. Leurs objectifs sont clairs : améliorer la compétitivité des entreprises américaines, relocaliser des emplois et protéger des secteurs stratégiques.

Bien entendu, ces mesures suscitent de vives réactions sur les marchés financiers. On observe parfois de brusques décrochages de Wall Street, provoqués non pas par des facteurs économiques fondamentaux, mais par l’émotivité d’une nouvelle génération de petits investisseurs, souvent jeunes et engagés dans le day trading via des applications mobiles. Cette volatilité soudaine illustre une forme contemporaine de "ordo ab chao" – l’ordre qui émerge du chaos –, où l’agitation passagère des marchés laisse progressivement place à un nouvel équilibre.

Dans ce tumulte, les grands gagnants ont été les investisseurs avisés qui ont su profiter des replis brutaux pour acheter des titres boursiers à prix cassés. En misant sur une reprise à moyen terme, ils ont transformé la panique des uns en opportunité stratégique, réalisant de solides gains à la faveur des hausses qui ont suivi.

Malgré les turbulences à court terme, les marchés tendent à se stabiliser à mesure que les politiques sont intégrées et que les acteurs économiques s’adaptent. Comme dans le passé, une fois la poussière retombée, c’est l’ordre économique qui reprend le dessus — avec, à la clé, des opportunités bien réelles pour ceux qui savent lire entre les lignes.



















THE RETURN OF PROTECTIONISM: AN OLD AMERICAN RECIPE REVIVED As protectionist trade policies once again take center stage in the global economic debate, it's worth remembering that the United States has been down this road before. Long before Donald Trump's initiatives, American economic history had already relied on high tariffs to protect its fledgling industry. In the 19th century, during the presidencies of Andrew Jackson (1829–1837), Ulysses S. Grant (1869–1877), and William McKinley (1897–1901), the U.S. adopted strong tariff measures. These protectionist policies aimed to support the country’s rapid industrialization, laying the foundation for its economic power. However, these successes can't be solely attributed to tariffs: abundant natural resources, massive immigration, and a spirit of innovation also played key roles in the United States’ rise. Today, economists like Peter Navarro, Scott Bessent, and Stephen Miran advocate for a return to such policies, arguing they help rebalance global trade and strengthen the national economy. Their goals are clear: boost the competitiveness of American businesses, bring jobs back home, and protect strategic sectors. Of course, these measures provoke strong reactions in financial markets. Sharp drops on Wall Street are sometimes triggered—not by underlying economic fundamentals—but by the emotional responses of a new generation of small investors, often young and engaged in day trading through mobile apps. This sudden volatility reflects a modern form of ordo ab chao—order from chaos—where the temporary turmoil of the markets gradually gives way to a new equilibrium. Amid this upheaval, the big winners have been savvy investors who seized sharp pullbacks as opportunities to buy stocks at bargain prices. By betting on a medium-term rebound, they turned others’ panic into a strategic advantage, reaping solid gains as markets recovered. Despite short-term turbulence, markets tend to stabilize as policies are digested and economic actors adjust. As in the past, once the dust settles, economic order regains control—bringing with it real opportunities for those who know how to read between the lines.