16 ans après la fermeture de son entreprise
d'outillage à Fleurance, quelques mois après avoir vendu la marque Lip,
Jean-Claude Sensemat revient sur son parcours dans le Gers et sur sa vie… de
l'autre côté de l'Atlantique.
16 ans après, le morceau n'est, semble-t-il,
toujours pas digéré. Lorsque Jean-Claude Sensemat parle de la fermeture, en
2000, de son entreprise d'import-export d'outillage, les mots sont tranchés :
«J'ai perdu trente ans de travail en trois mois, sur une décision de justice,
faisant penser à un ‘'Outreau économique''».
Le natif de Fleurance dénonce même «tous les
frustrés de ma réussite, les syndicats, les jaloux, les cadres effrayés et les
politiques haineux se sont déchaînés.»
Lui a-t-il fait des erreurs, a-t-il des regrets
? Sa réponse : «Toutes mes activités ont toujours été bénéficiaires pendant
trente ans et la capitalisation financière était plus que solide.» Il assure
même : «Je suis l'entrepreneur privé qui a apporté le plus de ressources
économiques au département du Gers pour le XXe siècle». Difficilement
vérifiable même s'il a pesé très lourd… Le groupe Sensemat, avec ses
différentes activités et sur différents sites, a salarié jusqu'à 500 personnes.
Il y a quelques mois, l'homme d'affaires
vendait d'ailleurs la dernière entreprise qui le reliait au Gers, les montres
Lip. Il explique : «J'avais racheté à la barre du tribunal de Besançon la
marque horlogère Lip en 1990 j'ai multiplié les actions marketing ce qui a
permis à mes collaborateurs de vendre avec succès ces montres. Marque qui avait
disparu du marché depuis quelques années. Fin 2015 le contrat de licence de la
marque Lip arrivait à son terme. Étant au Canada, je ne souhaitais pas
renouveler la licence, car c'était trop contraignant depuis Montréal j'ai
préféré la vendre au détenteur de la licence.»
Désormais, M.Sensemat et sa famille ont
traversé l'Atlantique. Après être allé à Toulouse et avoir occupé le poste de
consul d'Albanie en France de 2002 à 2007, M.Sensemat a tenté de créer une
nouvelle entreprise en France. «Les banques françaises m'ont fait savoir que,
comme je n'avais pas voulu remettre de l'argent personnel dans la société
d'outillage, je n'aurai plus de crédit, assure-t-il. Je n'avais qu'une
solution, c'était de partir de France.»
À la Bourse de New-York
Au Canada, détaille-t-il, «je ne suis pas
arrivé les mains vides, j'ai amené avec moi l'argent gagné par mon travail,
puisque mes sociétés ont toujours été bénéficiaires et que j'en étais le seul
actionnaire. Cela m'a permis de créer une société financière sous la forme
juridique de fiducie, trust en anglais. Cette société place principalement ses
fonds dans des obligations d'entreprises nord-américaines et également des
titres en bourse à New-York ou Toronto. Dès mon arrivée à Montréal, j'ai acheté
des appartements dans le centre-ville, qui ont rapidement pris de la valeur,
car Montréal est une des mégalopoles des plus attractives.»
Aujourd'hui grand-père de trois petits
Québecois, l'entrepreneur compte-il revenir dans le Gers ? «Je ne retournerai
habiter dans le Gers ou en France ni vivant ni mort. J'ai d'ailleurs déjà
organisé mes obsèques à Montréal, sur les hauteurs du cimetière de la
Côte-des-Neiges. Mais, comme tout cela est très loin, j'espère partager avec
quelques ‘'amis'' lors d'un de mes passages un bon magret qui aura été précédé
d'un foie gras du Gers avec un petit verre de blanc du pays.»
Ses «amis», comme il dit, peuvent en tout cas
suivre ses aventures sur Facebook, un site Internet à son nom, dans ses livres,
les éditions Duroi qu'il a créées ou encore le webmagazine «Le Français
magazine» qu'il a fondé voilà peu…
Christophe Zoia
La dépêche du Midi