lundi 29 septembre 2025

LES GRANDS GOMMAGES : QUAND L’HISTOIRE DU COMMERCE EFFACE SES BÂTISSEURS

Ils ont bâti, inventé, investi, innové… et pourtant, leurs noms ont disparu des récits officiels. Dans le monde du commerce et de l’industrie, une mécanique bien rodée s’emploie, consciemment ou non, à gommer les talents fondateurs, les savoir-faire authentiques ou les origines véritables. Place au storytelling, à la réécriture, voire à l’usurpation pure et simple. Enquête sur ces "grands gommages" du capitalisme contemporain.


🏭 Le fondateur évincé, une pratique banalisée


Steve Jobs, écarté de sa propre entreprise Apple en 1985, en est le symbole mondial. Il faudra plus de dix ans pour que son nom revienne au cœur de la marque.

Autre cas emblématique : Ray Kroc, souvent présenté comme le créateur de McDonald’s, alors qu’il a simplement racheté le concept aux véritables fondateurs, les frères McDonald, qu’il a ensuite écartés de l’histoire.

 

Même schéma chez Starbucks, où Howard Schultz est célébré comme le visionnaire absolu, effaçant au passage les trois fondateurs originaux : Jerry Baldwin, Zev Siegl et Gordon Bowker.

 

🔧 Les marques avalées, les artisans oubliés

 

Le processus est rôdé : une PME ou marque patrimoniale est rachetée par un géant, qui conserve le nom, mais efface les fondateurs, le terroir et les origines. Le groupe Nestlé a ainsi « digéré » Perrier, Buitoni et d'autres, en reformulant le récit de marque pour le marché mondial.

 

Dans le même esprit, le célèbre savon de Marseille vendu en grande surface n’a souvent plus rien de marseillais, ni d’artisanal.

 

🕰️ Quand le succès gêne : le cas LIP

 

Autre illustration frappante : Jean-Claude Sensemat, entrepreneur français, a racheté la marque horlogère LIP en 1990, l’a relancée, redéployée à travers le France et à l’export, et l’a finalement revendue en 2016 alors qu’il est devenu citoyen Canadien. Depuis, son rôle a été largement gommé par les repreneurs, tout comme l’implantation historique du siège social dans le son département natal le Gers a été déménagé en catimini dans le Doubs.

 

Un effacement typique : dès que le fondateur n’est plus aux commandes, le storytelling d’entreprise se réécrit pour convenir à la nouvelle narration.

 

🧠 Innovation réécrite : Tesla et les autres

 

Nikola Tesla, inventeur de génie, a longtemps été éclipsé par Thomas Edison, mieux soutenu par les milieux d’affaires. Il faudra attendre le XXIe siècle pour que Tesla soit redécouvert… grâce à une voiture électrique portant son nom.

 

De même, l’inventeur du Velcro, le Suisse Georges de Mestral, a longtemps été marginalisé, son invention adoptée sans reconnaissance par l’industrie mondiale.

⚖️ Une mémoire entrepreneuriale à reconstruire

 

Ce « grand gommage » est rarement frontal. Il se fait par omission, par rebranding, par communication sélective. Il transforme des bâtisseurs en figurants et réécrit les récits de l’innovation et du commerce pour flatter l’actionnaire ou séduire le consommateur.

 

L’histoire industrielle ne peut être confiée aux seuls départements marketing. Elle mérite mémoire, précision et justice. Ne pas oublier les véritables artisans du progrès, c’est aussi honorer l’effort, la création, et parfois, le courage.

DICIETLA.com |  La Chronique de Jean-Claude Sensemat du 29/09/2025 |  Fr/En


THE GREAT ERASURES: WHEN BUSINESS HISTORY ERASES ITS BUILDERS

They built, invented, invested, innovated… and yet, their names have vanished from official accounts. In the world of commerce and industry, a well-oiled machine works—consciously or not—to erase founding talents, authentic know-how, or true origins. Storytelling takes over, with rewriting, and sometimes outright usurpation. This is an investigation into the “great erasures” of contemporary capitalism.

🏭 The sidelined founder: a common practice

Steve Jobs, ousted from his own company Apple in 1985, remains the global symbol. It took more than a decade for his name to return to the heart of the brand.
Another striking case: Ray Kroc, often celebrated as the creator of McDonald’s, when in reality he only bought the concept from the true founders—the McDonald brothers—before writing them out of the story.

The same pattern shows up at Starbucks, where Howard Schultz is hailed as the sole visionary, erasing the three original founders: Jerry Baldwin, Zev Siegl, and Gordon Bowker.

🔧 Swallowed brands, forgotten artisans

The process is standard: a small heritage brand is acquired by a giant, which keeps the name but wipes out the founders, the terroir, and the origins. Nestlé, for example, “digested” Perrier, Buitoni, and others, reshaping their brand stories for a global market.

Likewise, the so-called “Marseille soap” sold in supermarkets often has nothing Marseille-made, nor artisanal, about it anymore.

🕰️ When success becomes inconvenient: the LIP case

Another telling illustration: Jean-Claude Sensemat, a French entrepreneur, bought the LIP watch brand in 1990, revived it, redeployed it across France and abroad, and eventually sold it in 2016 after becoming a Canadian citizen. Since then, his role has been largely erased by later owners, just as the historic headquarters he established in his home region of Gers was quietly relocated to Doubs.

A textbook erasure: once the founder leaves, the corporate storytelling gets rewritten to fit the new narrative.

🧠 Innovation rewritten: Tesla and others

Nikola Tesla, a genius inventor, was long overshadowed by Thomas Edison, who had stronger business backing. It took the 21st century—and an electric car named after him—for Tesla to finally be rediscovered.

Similarly, the Swiss inventor of Velcro, Georges de Mestral, spent years marginalized while his invention spread worldwide without much credit to him.

 

mercredi 10 septembre 2025

L’IA : S'ÉQUIPER MAINTENANT OU RESTER SPECTATEUR

L’intelligence artificielle n’est plus un luxe réservé aux ingénieurs de la Silicon Valley. Elle s’impose déjà dans les salles de classe de Pékin, Séoul ou Hyderabad, et bientôt dans nos propres écoles. La question n’est donc pas de savoir si nous devons l’adopter, mais comment, et à quel rythme.

L’IA à l’école : un choix de société

 La Chine a rendu obligatoire l’apprentissage de l’IA dès le primaire. La Corée du Sud expérimente des manuels intelligents qui parlent aux enfants. L’Inde déploie des modules de robotique et de codage dans ses écoles publiques. L’Estonie, pionnière du numérique, met entre les mains de ses élèves un « compte d’IA personnel » pour apprendre à raisonner avec ces outils.

Ces pays ont compris qu’attendre, c’est condamner une génération entière à être dominée par ceux qui maîtriseront la technologie. L’éducation à l’IA n’est pas un gadget pédagogique : c’est une nouvelle alphabétisation, aussi fondamentale que savoir lire ou compter.

L’assistant vocal, un levier de productivité

ChatGPT et ses équivalents ne sont pas des jouets de geeks. Ils sont devenus des instruments de travail, des assistants vocaux capables de rédiger une note juridique, traduire un contrat, préparer une présentation, ou encore résumer un rapport en quelques secondes, et même contrôler votre santé physique et morale, en répondant comme un sachant à toutes vos questions.

Un vrai compagnon à vos côtés. Pour ma part, je m’en sers en permanence. ChatGPT 5 me ravit et me fait avancer à grands pas.

Là encore, nous avons un choix : les utiliser timidement, en surface, ou les intégrer pleinement dans nos pratiques quotidiennes. Ceux qui s’en servent sérieusement y voient un avantage compétitif décisif. Les autres passent à côté d’un levier immense de productivité.

Gratuit ne suffit plus

Beaucoup disent : « J’ai ChatGPT. » Mais, en réalité, ils n’ont que la version gratuite. Or, cette version est limitée : modèle ancien, lenteur, indisponibilité aux heures de pointe.

La version payante d’OpenAI, pour un coût modeste, ouvre un tout autre horizon : accès aux modèles les plus récents, vitesse de réponse prioritaire, fonctions multimodales (texte, image, voix), intégration dans le flux de travail quotidien.

Ce n’est pas une dépense, mais un investissement. Une heure gagnée grâce à l’IA vaut largement plus que le prix d’un abonnement mensuel. Les entrepreneurs, enseignants, chercheurs ou étudiants qui franchissent le pas le savent déjà : ils récupèrent leur mise dès la première semaine d’usage intensif.

Pour ne pas rester spectateurs

Refuser d’enseigner l’IA à nos enfants, c’est les condamner à regarder les autres avancer. Se contenter d’une version gratuite, c’est rester spectateur d’une révolution qui a besoin de vous.

Nos sociétés doivent assumer ce virage : introduire l’IA à l’école primaire, former les enseignants, et encourager les citoyens à s’équiper des versions professionnelles de ces outils. C’est à ce prix – modeste au regard des enjeux – que nous resterons maîtres de notre destin numérique.

DICIETLA.com |  La Chronique de Jean-Claude Sensemat du 10/09/2025 |  Fr/En



















AI: Equip Yourself Now or Stay a Spectator

Artificial intelligence is no longer a luxury reserved for Silicon Valley engineers. It is already taking root in classrooms in Beijing, Seoul, and Hyderabad—and soon in our own schools. The question is not whether we should adopt it, but how, and at what pace.

AI in Schools: A Societal Choice

China has made AI education mandatory starting in elementary school. South Korea is testing smart textbooks that interact with children. India is rolling out robotics and coding modules in its public schools. Estonia, a digital pioneer, gives its students a “personal AI account” to learn how to reason with these tools.

These countries understand that waiting means condemning an entire generation to be dominated by those who master the technology. AI education is not a teaching gimmick; it is a new form of literacy, as fundamental as reading or arithmetic.

Voice Assistants as Productivity Levers

ChatGPT and its equivalents are not geek toys. They have become work instruments—voice assistants capable of drafting a legal memo, translating a contract, preparing a presentation, summarizing a report in seconds, and even monitoring your physical and mental health by answering your questions with authority.

A true companion at your side. Personally, I use it constantly. ChatGPT 5 delights me and helps me make great strides forward.

Again, we face a choice: use these tools timidly, on the surface, or fully integrate them into our daily practices. Those who use them seriously gain a decisive competitive edge. The others miss out on a tremendous productivity booster.

Free No Longer Suffices

Many say: “I have ChatGPT.” But in reality, they only have the free version. And that version is limited: outdated models, slow responses, unavailability during peak hours.

OpenAI’s paid version, for a modest cost, opens an entirely new horizon: access to the most recent models, priority response speed, multimodal functions (text, image, voice), integration into daily workflows.

It is not an expense, but an investment. One hour saved thanks to AI is worth far more than the price of a monthly subscription. Entrepreneurs, teachers, researchers, and students who take the plunge already know: they recoup their investment within the first week of intensive use.

Not to Remain Spectators

Refusing to teach AI to our children means condemning them to watch others move forward. Settling for a free version means staying on the sidelines of a revolution that needs you.

Our societies must embrace this turning point: introducing AI in elementary school, training teachers, and encouraging citizens to equip themselves with professional versions of these tools. Only at this cost—modest compared to the stakes—will we remain masters of our digital destiny.